« Donner les moyens à tous de s’en sortir grâce à de bonnes conditions de travail, cela un impact direct sur la compétitivité. Ce n’est pas une charge mais un investissement. »
En 2007, quand Mathieu Poupon crée Green Buro à Toulouse, sa motivation est claire : « Après dix ans dans une régie de quartier, j’étais persuadé qu’on pouvait faire de l’insertion d’une autre manière. » Cette approche différente passe tout d’abord par la création d’une SCOP, porteuse d’une nouvelle forme de gouvernance, plus participative, jusque-là peu utilisée dans les entreprises d’insertion
Reste à trouver le support d’activité : « Nous avions deux contraintes. La première étant d’assurer la rentabilité. L’autre : sortir des cadres traditionnels de l’insertion, pour proposer de nouvelles voies d’emploi pour les publics en difficulté. » C’est ainsi que Mathieu Poupon se lance dans la collecte et le recyclage de déchets de bureau. Aujourd’hui, Green Buro, qui compte 26 salariés, est en capacité de répondre à des demandes sur l’ensemble de la région Occitanie. Une réussite qui ne saurait faire oublier sa vocation première : « Notre objectif est bien sûr de nous développer économiquement. C’est la base pour créer des emplois locaux. Mais pas à n’importe quel prix. Grâce à notre statut de SCOP, nous recherchons toujours avec tous les associés le juste équilibre entre résultats financiers et qualité des conditions de travail. ».
Privilégier le qualitatif au quantitatif, tel est le leitmotiv de Green Buro. Avec une particularité : sur les 26 collaborateurs, 13 sont en CDI et 13 sont en CDD d’insertion. « Ce ratio nous permet de construire un vrai accompagnement individualisé. C’est aussi grâce au temps passé auprès de chacun que nous permettons à d’anciens salariés de devenir ensuite encadrants, puis associés », explique Mathieu. Sur cette base, depuis 2008, 80 personnes se sont réinsérées professionnellement grâce à Green Buro, et plus de 55 sont parties avec un emploi durable. Autre ingrédient clé : donner concrètement les moyens de s’en sortir. « Cela passe notamment par un salaire minimal de 1600 euros nets sur 13 mois et une participation. Car sinon comment trouver un logement, sortir de logiques de désendettement, passer le permis, etc. ? » Pour Mathieu, c’est d’ailleurs là que réside la plus belle réussite de Green Buro : l’entreprise allie engagements sociaux forts et solide santé économique. « Nous avons des équipes motivées, qui travaillent sérieusement. Ce qui a un impact direct sur notre compétitivité. Offrir de bonnes conditions de travail, ce n’est pas une charge mais un investissement. ».
Green Buro a toujours pu compter sur le soutien de France Active. « Dès le départ, ils nous ont accompagnés avec un prêt et une garantie bancaire. Cela a ensuite créé un effet domino avec d’autres partenaires financiers. Et comme je n’avais aucune expérience entrepreneuriale, ils m’ont donné confiance et m’ont fait monter en compétences. Un peu sur le modèle de l’insertion ! », se rappelle Mathieu. C’est pourquoi, quand il a fallu acquérir deux camions en 2011 ou acheter un local l’année dernière, son premier réflexe a été de faire appel à France Active Occitanie. « Non pas pour demander un nouveau prêt mais pour leurs conseils. D’autant que leur capacité à créer un réseau local est une vraie richesse. »
Aujourd’hui, une page se tourne : à la prochaine assemblée générale, Mathieu passera la main. « Je ne suis pas inquiet car Green Buro, c’est avant tout une équipe. C’est ça aussi la beauté d’une SCOP. Il reste encore plein de défis à relever : nous féminiser davantage, consolider notre modèle, créer de petites antennes régionales pour créer de nouveaux emplois locaux… Notre collectif est prêt à les relever. Et aussi à en imaginer de nouveaux ! »
Claire Maurus – Pôle RH et insertion – Co-gérante
Louis Latapie – Pôle exploitation et commerce – Co-gérant
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France Active Investissement