C’est par le fruit du hasard et des rencontres que cette Lilloise se retrouve à la tête de la première coopérative funéraire des Hauts de France.
Avec une formation en management et gestion, Séverine Masurel a travaillé 24 ans dans le commerce textile, chez Damart. Son dernier poste en date était responsable du service approvisionnement et gestion des stocks. « J’ai eu la chance de travailler dans une société qui a permis ma reconversion. J’y ai appris la gestion, le management, la gestion de projet, le travail en équipe, mais à 47 ans j’avais le besoin fort de me tourner davantage vers les relations humaines, l’accompagnement. »
Parallèlement et au gré de recherches sur internet, elle tombe par hasard sur un article présentant la coopérative funéraire de Nantes. Elle est séduite par le concept. « C’est une autre façon de voir les obsèques et la relation avec les familles », nous précise-t-elle.
Les coopératives funéraires sont des entreprises de pompes funèbres mais pas comme les autres. Elles mettent l’humain et le respect des volontés du défunt au centre de leurs actions et le respect de l’environnement fait partie de leur ADN. Le concept vient du Canada, et se concrétise la plupart du temps en France sous forme de SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Ces structures doivent être rentables, mais le profit dégagé est à 100% réinvesti dans la coopérative pour améliorer son fonctionnement et donc au seul profit des familles. Il n’y a pas d’enrichissement personnel. Les salariés de la coopérative ont un salaire fixe et n’ont pas de prime sur la vente de biens ou de services.
Par ailleurs, ces structures sont totalement transparentes sur les prix et sur ce qui est obligatoire ou ne l’est pas.
« Quand j’ai découvert ce concept, ce fut un vrai déclic, je me suis demandée pourquoi cela n’existait pas dans ma région. Je trouvais le fonctionnement sain et c’est ce qui m’a séduit ». Le projet prend forme progressivement. Elle commence par suivre des formations dans le domaine funéraire, elle lance une association de préfiguration et décide de partir à la découverte des structures pionnières en France.
Elle fait un stage de 15 jours au sein de la coopérative funéraire de Nantes et d’une journée au sein de celle de Rennes. Ces immersions lui permettent de mieux comprendre le fonctionnement, de rencontrer les familles, de voir l’accompagnement dont elles bénéficient, le rapport au défunt et l’organisation concrète d’une coopérative.
« Je ne venais pas du monde de l’ESS, ces modes de gouvernance et ces modèles économiques m’étaient totalement étrangers. J’avais besoin de voir par moi-même comment tout cela était organisé, de comprendre, et je fus séduite. »
Elle avance sur son budget prévisionnel et rencontre l’Union régionale des Scop pour le finaliser et écrire les statuts de la SCIC. Par ce biais, elle rencontre les banques et France Active Nord pour lui permettre de financer son projet. Elle obtiendra un investissement ainsi que la garantie de son prêt bancaire de la part de France Active.
La coopérative a ouvert en janvier 2022. En complément de ses activités, elle s’est donnée comme mission de lever le tabou sur la mort en organisant régulièrement des événements ouverts à tous : (visio) conférences, « cafés mortels », ateliers, visites… Au programme de ces rendez-vous : la découverte de nouvelles pratiques ou nouveaux rites, des temps d’échanges entre les participants, de l’information générale sur la Mort et le Funéraire.
Elle propose également des ateliers sur les volontés funéraires afin d’informer chacun d’entre nous sur les éléments indispensables à anticiper, les discussions à avoir avec ses proches.
Elle a d’excellents retours sur ces événements de la part des participants qui se sentent plus légers et mieux informés sur les démarches à accomplir.
A bénéficié du
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A été accompagné par
France Active Nord