5 septembre 2018 : les lignes bougent pour les entreprises adaptées. La loi appelée « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » ouvre en effet la voie à des expérimentations de travail temporaire pour les personnes en situation de handicap.
Julia Barone et Erwan Pitois, deux dirigeants d’entreprises adaptées en Bretagne et membres de l’UNEA (Union nationale des entreprises adaptées), se saisissent du sujet à l’échelle de leur région. Rassemblant douze autres acteurs – qui représentent 50 % des entreprises adaptées de leur territoire –, ils créent début 2020 l’entreprise adaptée de travail temporaire Breizh EATT. Celle-ci comprend aujourd’hui quatre agences à Rennes, Saint-Brieuc, Lorient et Quimper, baptisées « Up’Intérim ».
Breizh EATT est une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) et cela ne tient pas du hasard : « Ce statut marque cette volonté de coopération territoriale, explique Erwan Pitois. C’est toute la logique du projet : être plus forts ensemble que séparément ; être avec les autres, dans l’ouverture. »
Ouvrir de nouvelles voies
L’EATT a la même mission que toute entreprise adaptée : créer des postes et des parcours pour les personnes en situation de handicap. « Mais avec ce nouvel dispositif de travail temporaire, notre objectif est de toucher des profils différents : possiblement plus jeunes et davantage à potentiel de travail immédiat pour des missions. Nous proposons ici des parcours plus toniques et exigeants. Mais surtout, nous augmentons le panel de réponses possibles pour les publics en situation de handicap en recherche d’emploi », complète Erwan Pitois.
« Sans oublier que notre objectif reste avant tout des sorties en emploi durable, rebondit Julia Barone. Un vrai plus pour les intérimaires mais aussi pour les entreprises qui font appel à nous. Elles sont pour la plupart du milieu ordinaire et de tous les secteurs d’activité (automobile, nettoyage, câblage, entretien d’espaces verts…) et peuvent utiliser ces missions pour ensuite intégrer durablement les salariés dans leurs effectifs. » Ainsi, en un an, 800 personnes, qualifiées et prêtes à l’emploi, se sont inscrites, 120 ont été mises en poste et 20 ont connu une sortie en emploi durable.
Prêts pour la reprise
Ces résultats sont très encourageants au regard de la crise sanitaire qui a explosé le lendemain à peine de l’ouverture d’Up Intérim… Malgré une fermeture lors du premier confinement et une réouverture en plein été, période traditionnellement la moins dynamique pour l’intérim, il n’est pourtant pas à l’ordre du jour de réduire les ambitions de Breizh EATT.
Ainsi, pour redimensionner le projet au regard de cette situation et continuer la belle aventure en cours, ils contractent, en plus d’un un prêt garanti par l’État, un Prêt de Relève Solidaire de 60 000 euros, via France Active qui les soutient depuis le début.
France Active Bretagne les a en effet accompagnés en amont, en 2020, dans le cadre du programme Fonds de confiance : « Passer par ce comité nous a permis de bénéficier d’une expertise et de regards croisés validant notre projet et nous donnant la possibilité de passer à la vitesse supérieure. Cet accompagnement a été clé. D’autant que France Active est un acteur du territoire et a donc une connaissance très fine de nos réseaux locaux, c’est essentiel », précise Erwan Pitois.
Aujourd’hui, le prochain défi de Breizh EATT est d’anticiper la reprise en constituant les ressources, en visant les écarts de formation et en préparant le redémarrage auprès des entreprises de la région. « Nous comptons sur un vivier de 800 personnes sur tous types de métiers et tous types de postes – même très qualifiés – c’est énorme ! Nous sommes bien loin de l’image du salarié handicapé qui ne peut faire que quelques tâches. Nous serons donc là pour les entreprises qui rechercheront des compétences dès que ça repartira. Nous sommes prêts ! », conclut Julian Barone.
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