Tout a commencé en 2015. Philippe Robin dirige alors une entreprise d’insertion du réseau Envie dans le Maine-et-Loire, spécialisée dans le reconditionnement d’appareils électroménagers. « À l’époque, des associations nous alertaient sur le fait que de nombreuses personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie ne parvenaient pas à s’équiper en aides techniques médicales (fauteuils roulants manuels ou électriques, fauteuils d’hygiène, lits médicalisés, lève-personnes…) », se souvient-il. En effet, malgré les remboursements de la Sécurité sociale, des complémentaires santé, et les aides des départements ou d’autres organismes, le reste à charge est souvent important et de nombreux matériel ne bénéficient d’aucune prise en charge.
« Le réseau Envie, depuis trente ans, collecte et trie des équipements électroménagers qui vont être jetés, en reconditionne une partie en atelier avec du personnel en contrat d’insertion et les distribue avec toutes les garanties et conformités attendues. C’est une longue expérience. Nous avons donc décidé d’adapter ce savoir-faire au matériel médical », complète-t-il.
Une réponse à un vrai besoin
Première étape de ce processus : vérifier qu’il existe bien un gisement de matériel à collecter, ainsi qu’un besoin réel de la part des bénéficiaires. « Ces premières intuitions se sont très vite confirmées. Et comme Envie est un réseau qui bouge beaucoup, l’expérimentation lancée à Angers s’est rapidement dupliquée à Nancy, Lyon, etc. », explique Philippe Robin. Les premiers partenariats se nouent également, avec les conseils départementaux, l’ADEME, certains groupes de protection sociale… En 2017, l’initiative est même lauréate de l’appel à projet des Pionniers French Impact, ce qui donne un coup d’accélérateur à son déploiement national.
Le modèle convainc, en effet, à plusieurs niveaux. En raison de son impact économique et social, tout d’abord, car le prix d’un matériel médical reconditionné est 50 % moins cher qu’un neuf, ce qui le rend beaucoup plus accessible aux foyers les plus modestes.
En raison de son impact environnemental, également. Chaque année, près de 240 000 aides techniques sont jetées alors que plus du tiers pourrait être réemployé. De même, un fauteuil roulant reconditionné émet 97 % de CO2 en moins que le même en neuf.
« L’effet sur les finances du système de santé ne serait pas négligeable non plus, car la Sécurité sociale dépense aujourd’hui un milliard d’euros par an pour ce type d’équipements », rappelle Philippe Robin. À l’heure actuelle, les aides techniques de seconde main ne sont pas encore remboursées par la Sécurité sociale. « La loi de finances 2020 prévoyait la prise en charge des fauteuils roulants manuels ou électriques pour commencer, mais nous sommes toujours en attente de la publication du décret d’application. »
La création d’un véritable réseau
Après une levée de fonds lancée en 2019, la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Envie Autonomie voit le jour. Au nombre de ses sociétaires, se trouvent notamment les entreprises du réseau Envie, mais aussi France Active, qui a également pris des titres participatifs et siège au comité d’investisseurs. « Ce modèle de SCIC nous permet d’être autonomes et de nous adjoindre les forces de partenaires qui concourent à notre pilotage stratégique en partageant les mêmes engagements d’inclusion et d’économie sociale et solidaire. À l’instar de France Active, dont l’accompagnement soutient notre développement national. »
Résultat de cette dynamique : Envie Autonomie est implanté sur une vingtaine de départements, embauche aujourd’hui 127 personnes, dont la moitié en contrat d’insertion. En 2023, plus de 33 000 aides techniques ont été collectées et 8 000 redistribuées : « Les volumes jetés chaque année en France montrent que nous avons une large marge de progrès. Mais nous savons que notre offre de seconde main répond à un vrai besoin des particuliers, comme des établissements médico-sociaux qui sont de plus en plus engagés dans des démarches environnementales. Sans oublier que les besoins en soutien à l’autonomie vont considérablement augmenter ces prochaines années avec le vieillissement de la population », conclut Philippe Robin.
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