Genèse d’une décision audacieuse
Quonex connaît, en effet, des difficultés depuis quelques années. En 2006, la famille des fondateurs vend à un grand groupe dont les investissements sont freinés par la crise de 2008.
Dix ans plus tard, l’entreprise est cédée à un fonds d’investissement qui fait des choix structurels alourdissant les charges. Résultat : Quonex, qui compte 118 salariés en 2018, n’atteint plus la rentabilité. Elle est mise en redressement.
« C’était d’autant plus frustrant qu’on avait de bons résultats, un marché en pleine évolution, une équipe solide et des clients qui étaient prêts à nous suivre. » Enis rassemble alors une quinzaine de ses collègues pour partager cette idée : « Et si on reprenait en SCOP pour créer une entreprise qui appartienne à tout le monde ? »
Un parcours fait de ténacité
Pour monter leur dossier, ils sont soutenus par l’Union Régionale des SCOP. Mais ils sont vite prévenus : ils n’ont aucune chance de voir leur projet sélectionné si d’autres dossiers sont déposés. Enis ne se laisse pas décourager et part à la rencontre des repreneurs intéressés par la reprise. « En leur démontrant notre volonté, tout le monde s’est retiré. Sauf un groupe qui proposait de ne reprendre que 20 collaborateurs. Après coup, il n’a finalement pas poursuivi. » La voie était donc libre pour leur projet qui prévoyait, lui, la reprise de 47 personnes.
« Quand le tribunal a appelé pour dire : “c’est bon, maintenant il faut y aller”, c’était magnifique mais on savait aussi que le chemin allait être compliqué. » Premier défi : trouver des financements, car 450 000 euros devaient être déposés le jour de l’audience. France Active Alsace décide de les soutenir à hauteur de 200 000 euros ainsi que le Crédit Coopératif.
« C’était un vrai gage de confiance, indispensable pour commencer à verser les salaires et attendre les premiers paiements des clients qui sont venus très vite. »
Prêts à se tourner vers l’avenir et à durer
Un an après, le bilan est positif. L’équipe compte désormais 58 personnes et de nouveaux postes sont à pourvoir. « Notre secteur peine parfois à recruter. Pourtant, des personnes postulent chez nous spontanément car elles sont en recherche de ces valeurs collaboratives, solidaires et durables qui sont les nôtres avec la SCOP. D’ailleurs, nous proposons à tous les salariés de devenir associés au bout d’un an. »
Parallèlement, les résultats sont au rendez-vous. Ce qui rend possible de nouveaux projets, comme acheter le bâtiment dont ils sont locataires ou lancer de nouvelles solutions destinées aux petites entreprises pour les accompagner dans leur transition numérique. « Pour ces étapes-là aussi, nous savons que nous pourrons compter sur le soutien de France Active Alsace. »
Pour conclure, Enis sait que ce parcours pourra servir d’exemple : « Si je pouvais donner un conseil aux salariés qui se trouvent dans la même situation que nous il y a un an et demi, je leur dirais qu’il faut y croire. La SCOP est un modèle entrepreneurial crédible. Nous pouvons en témoigner. »
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