En quoi cette période charnière réinterroge-t-elle les modèles économiques ?
Nous avons fait l’expérience d’une vulnérabilité collective. Finalement, le mythe de l’indépendance libérale est remis en question. L’autonomie, oui, mais encore faut-il qu’elle soit pensée dans l’interdépendance. Ce qui renvoie au lien social, mais aussi au lien écologique (c’est-à-dire aux milieux vivants pour nous permettre de nous développer durablement). Car une chose est sûre : aucun acteur n’a la solution seul.
En quoi peut-on dire que les entrepreneurs engagés sont au cœur de cette relance ?
Si l’on se réfère à la loi PACTE et à cette idée d’entreprises à mission, les acteurs de l’ESS intègrent déjà de manière structurelle et structurante des enjeux en termes d’écart de rémunération, de choix de création et de partage de valeur plus justes et durables. D’une certaine manière, ils montrent la voie. Ils ont, par conséquent, un rôle majeur à jouer. Mais si on veut opérer cette transition solidaire à plus grande échelle, cela nécessite aussi de changer la donne pour tous les acteurs de l’économie.
Quels leviers permettraient de rendre cette relance solidaire pérenne ?
Pour plus d’équité et de durabilité dans le partage de valeur, la réforme des normes comptables, la question de la fiscalité et celle sur l’écart des rémunérations sont cruciales. Sur tous ces sujets, les acteurs de l’ESS sont pionniers. Tout l’enjeu est de trouver la bonne combinaison entre contraintes réglementaires pour faire évoluer les règles du jeu et création d’un cadre motivant l’engagement des dirigeants du secteur classique.