France Active Guyane est née officiellement en 2023, après deux années d’expérimentation. Durant cette période, 1,5 million d’euros de financement ont été accordés, sous forme de garanties et de prêts solidaires, pour soutenir une cinquantaine de projets.
« Avec son premier prêt participatif, France Active Guyane poursuit la construction d’un accompagnement complet, accessible aux différentes structures de l’ESS. Tout particulièrement celles les plus engagées dans un projet social fort à destination des publics les plus précaires, comme l’AESN », explique Marie Chauvin, responsable du service Offre et conseil.
« D’autant qu’avec le prêt participatif, nous sommes en capacité d’investir des sommes beaucoup plus importantes que pour le prêt gratuit. Nous pouvons ainsi augmenter notre impact », complète Charline Nazaret, directrice de France Active Guyane, avant de préciser : « La Guyane est un grand département. Certes, France Active Guyane est basée à Kourou, mais nous sommes en mesure de soutenir des entrepreneurs et des associations engagés de tout le territoire. »
Pour contacter France Active Guyane
Maison des associations
Rue Ejide Duchesne
97310 – KOUROU
contact[@]franceactive-guyane.org
Nathalie Charles a déjà exercé quelques années en tant qu’enseignante de conduite et de sécurité routière en métropole et en Guyane quand lui est venue l’idée de créer l’Auto-école sociale nomade (AESN). « Les auto-écoles sont habituellement situées en centre-ville, ce qui les rend difficiles d’accès pour les personnes habitant les zones les plus reculées. Beaucoup sont contraintes d’annuler leurs cours, certaines renoncent même à passer le permis pour cette raison », explique-t-elle.
En 2022, Nathalie Charles lance l’AESN et débute son activité à Matoury, bourg non loin de la capitale, Cayenne, mais dont certains quartiers ruraux sont très isolés. Concrètement, l’auto-école est installée dans un camping-car aménagé : « avec un espace simulateur pour permettre aux élèves de se familiariser avec l’intérieur du véhicule, d’apprendre le passage en ville et la circulation sur route dans un environnement sécurisé, ainsi qu’un espace de cours équipé d’un téléviseur et de boîtiers pour réviser le code. »
Avec ce camion, Nathalie Charles peut également proposer ses services dans des zones plus éloignées, comme au village de Cacao ou encore au village amérindien de Sainte-Rose-de-Lima. Et ce, à des prix accessibles au plus grand nombre. « Pour la préparation au code, 40 heures de conduite et tout l’accompagnement, les jeunes paient en général 350 euros – pour un coût environ de 1750 euros. » Ce modèle étant rendu possible par les partenariats noués avec la communauté d’agglomération Agglo’GAL pour les moins de 29 ans, la collectivité territoriale de Guyane pour les bénéficiaires du RSA, mais aussi la préfecture, certaines fondations (Vinci, Fondation de France, par exemple).
Cette dépendance aux financements publics ou aux soutiens extérieurs a un impact sur ses besoins en fonds de roulement. « Nous avons, en effet, ressenti une tension sur notre trésorerie en raison des temporalités de ces versements », confirme Nathalie Charles qui s’est alors tournée vers France Active Guyane, officiellement créée en 2023. Après une rencontre sur le terrain et une analyse approfondie du projet, cette dernière accorde à l’AESN son premier prêt participatif de 40 000 euros. « La Guyane connaît un taux de chômage élevé, notamment chez les plus jeunes. Or, ici, sans permis, difficile d’accéder aux services de base, à la formation ou à l’emploi. L’AESN a donc une vocation très forte de développement économique et d’insertion des jeunes, ce qui répond parfaitement à nos valeurs d’engagement », explique Charline Nazaret, directrice de France Active Guyane. Outre la nature du projet, cette dernière a été également attentive à la gouvernance de la structure qui emploie, en plus de Nathalie Charles, une secrétaire polyvalente : une jeune embauchée en premier emploi qui a connu une période de déscolarisation en contrat PEC (parcours emploi compétence).
Grâce à ce prêt participatif consolidant sa trésorerie, Nathalie Charles peut aujourd’hui commencer à réfléchir à étoffer son équipe pour toucher d’autres territoires guyanais, comme la région de Saint-Georges, vers la frontière brésilienne, d’où elle reçoit déjà des demandes.