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DATE DE PUBLICATION 04/12/2023

Permettre à l’ESS de changer d’échelle. La réponses de Timothée Duverger

Timothée Duverger – ingénieur de recherche à Sciences Po Bordeaux et chargé de mission ESS et développement durable – était le Grand témoin de la soirée France Active autour du lancement des Actifs Solidaires*, le 28 septembre dernier à Paris.
Retour sur son intervention autour du changement d’échelle du secteur de l’Économie sociale et solidaire.

« Le développement de l’ESS, c’est d’abord un développement territorial qui a besoin de leviers financiers. France Active grâce à son ancrage territorial, accompagne et finance ces innovations sociales au plus proche du terrain. » tel était le discours de Timothée Duverger – ingénieur de recherche à Sciences Po Bordeaux et chargé de mission ESS et développement durable – à l’occasion de notre soirée autour du lancement des Actifs Solidaires, le 28 septembre dernier à Paris.

Les Actifs Solidaires sont une nouvelle démarche, initiée par France Active, pour inciter les associations et les entreprises de l’ESS à franchir des seuils. Il s’agit d’une sensibilisation à l’investissement solidaire mais aussi d’une offre financière renouvelée à l’attention des entrepreneurs engagés et avec le soutien des partenaires de France Active. Le mouvement des entrepreneurs engagés a lancé cette démarche devant un parterre d’entrepreneurs et de partenaires prêts à relever le défi. 

Comment inventer une économie plus résiliente ? Et en quoi l’ESS peut inspirer les autres acteurs ?

« Face aux crises actuelles multiples, l’économie a besoin de se transformer. Il faut inventer une économie qui soit plus résiliente. Et l’Etat ne peut pas tout. Il a besoin de s’appuyer sur d’autres forces comme les entreprises, notamment à travers la RSE ou la finance, à travers la finance durable. Il y a des recompositions de l’action publique qui amène à des transformations de l’économie elle-même.
Dès lors, cela vient légitimer l’action de l’Economie sociale et solidaire présente depuis très longtemps, puisqu’elle a, a minima, deux siècles d’histoire. Elle bénéficie aujourd’hui d’une sorte d’effet de mode. Elle est au cœur des grandes transformations qui sont à l’œuvre en ce moment : cet autre monde dont on a besoin mais qui existe déjà.
L’ESS a fait l’objet d’un fort cycle de reconnaissance avec notamment la loi Hamon qui fête l’an prochain ses 10 ans en France. Désormais, il y a eu une vingtaine de lois à l’international. Il y a maintenant un plan d’actions au niveau de la Commission Européenne, l’ONU a adopté une résolution en faveur de l’ESS, l’OCDE une recommandation.

Il faut maintenant passer de la reconnaissance au développement et c’est là que France Active a un rôle à jouer en tant que financeur de l’utilité sociale.

 

D’ailleurs, la démarche de France Active touche très juste en matière d’impact, de changement d’échelle et de coopération avec une multitude de projets à soutenir.

La loi Hamon a bientôt 10 ans, vers quelles évolutions faut-il tendre ?

« Les travaux autour de l’évaluation de la loi Hamon font débat, notamment sur le fait de modifier l’article 1 qui définit l’ESS. Alors même qu’au niveau européen comme international, la définition française s’est imposée. L’enjeu n’est pas de modifier l’article 1 mais de renforcer l’article 2 sur l’utilité sociale pour y intégrer un volet beaucoup plus fort autour de la transition écologique et d’y adosser des financements nouveaux. Notamment des financements qui relèvent du capital patient car face à la transition écologique nous sommes sur une nouvelle équation. La gouvernance actionnariale, qui exige des rendements très élevés et de courts termes, n’est pas adaptée à cet enjeu. Nous avons donc besoin d’autres modèles de gouvernances qui se rapprochent des modèles de l’Economie sociale et solidaire et d’un capital qui s’y adapte, capable de financer l’innovation sociale et écologique. »

Quel rôle peuvent jouer les coopérations territoriales dans le développement de l’ESS ?

« Le développement de l’ESS est d’abord un développement territorial. Le développement financier est au niveau national voir européen mais l’action et le développement lui-même se situe au cœur des territoires. D’ailleurs, France Active est organisée de manière décentralisée pour cette raison : aller au plus proche du terrain pour repérer toutes ces innovations sociales et capter les signaux faibles de cette société citoyenne qui expérimente au quotidien.
L’enjeu ici est autour de la responsabilité territoriale des entreprises. L’ESS doit, en se développant, avoir un effet levier pour embarquer l’ensemble de l’économie. France Active, dans ce contexte, peut être un maillon efficace pour jouer cet effet levier. A travers les logiques de coopérations territoriales, on peut manager la transition écologique. Et c’est particulièrement ce que propose le scénario 2 de l’ADEME autour des coopérations territoriales. C’est le scénario le plus efficace du point de vue de la transition écologique et le plus juste du point de vue des effets redistributifs. C’est le scénario de l’Economie sociale et solidaire.

*Cette démarche vise à favoriser l’acculturation à l’investissement pour les associations et les entrepreneurs de l’ESS afin de les inciter à renforcer leur utilité sociale et écologique tout en s’assurant d’un financement solide et pérenne.

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